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Ils ont photographié l'ours : « des instants inoubliables »

27 avril 2020

Michel Castillon a pu observer l'ours pendant prèsde quatre heures samedi, depuis son jardin. / Photo M. Castillon

 

Samedi après-midi, un ours a parcouru les sommets entre vallées d'Aure et du Louron, sous le regard des habitants. Deux d'entre-eux ont immortalisé ce moment suspendu, en plein confinement. Nathan Birrien et Michel Castillon témoignent.

Dans le jardin de Michel Castillon, la longue-vue fixe la montagne qui sépare vallées du Louron et d'Aure. Entre deux parties de pétanque pour occuper ce confinement, cet habitant de Loudenvielle glisse un œil par la lunette. C'est par là qu'un ours a égayé cette période monotone samedi après-midi. « Des jeunes avaient repéré des traces sur le sommet. Comme ils savent que je participe au réseau ours brun et au suivi, ils sont venus me trouver. Au milieu de ces traces sur toute la face du pic d'Estos, mon fils l'a repéré. On l'a suivi pendant près de quatre heures dans la lunette. Il se déplaçait, grattait la neige qui lui montait en haut des pattes. Sa silhouette se découpait sur le ciel en haut des crêtes. Il est passé au sommet du pic. C'était incroyable. »

« En voir un depuis le jardin, je n'y pensais pas »

Pourtant, ce n'est pas la première fois que ce passionné croise un plantigrade, lui qui parcourt souvent de longs trajets dans les Asturies ou plus à l'Est dans les Pyrénées pour partir à la rencontre de cet animal emblématique. « En voir un depuis le jardin, pouvoir le partager avec ma famille, mes amis dans leur maison, je n'y pensais même pas. C'était un moment incroyable, un vrai bol d'air dans cette période difficile. »

Photographe indépendant à la signature bien connue dans le milieu montagnard, Nathan Birrien n'a pas manqué cette rencontre magique, samedi en fin d'après-midi. « Quelqu'un de la vallée m'a dit que l'ours était sur le secteur d'Azet, raconte ce Pyrénéen de 24 ans. J'ai pu l'observer pendant une heure sur les crêtes avant qu'il ne bascule. Sur le moment, je ne pensais pas aux photos. Je le voyais extrêmement bien dans l'objectif avec les zooms. C'était dingue d'observer ses déplacements à près de 2800m d'altitude. »

« D'habitude, j'essaie plutôt de l'éviter »

Et le montagnard, amoureux de glisse et de paysage d'ajouter : « Je n'ai jamais cherché à le rencontrer. Comme je passe beaucoup de temps en montagne, j'essaie plutôt de l'éviter. On pense à lui quand on entend un bruit, mais on se passe de l'y trouver… C'est un samedi que je n'oublierai pas. Je sais qu'il était sur le secteur depuis quelques jours. Mais je ne sais pas d'où il est sorti ni où il est allé. Ce moment furtif, c'est ce qui fait tout le mystère. » Et donne pourquoi pas envie à Nathan Birrien de croiser de nouveau le plantigrade dans son objectif. « Mais sans le gêner, ni le perturber, en respectant l'animal et la nature. Là, nous l'avons observé sans que lui ne s'aperçoive de rien. » Les images, elles, resteront à vie.

Sans doute Goiat

Suite à ces observations, les agents de l'Office français pour la biodiversité sont venus procéder au relevé des indices de présence. Sur les images, on parvient à distinguevr par moment un collier jaune autour du cou du plantigrade, comme celui que possède Goïat. Après avoir hiberné dans le secteur, une donnée GPS faisait déjà état de sa présence dans la zone quelques jours plus tôt, alors que la période de rut va débuter dans les prochains jours.

Andy Barréjot